Sam Szafran Obsessions d'un peintre,
Musée de l'Orangerie
EN VILLE - In TOWN
L’esprit d’escalier génial du peintre Sam Szafran
Par Laure Vernière*
Sam Szafran, Laure Vernière, Pucci de Rossi 1981 ©AnnGarde
J’ai d’abord connu l’œuvre de Szafran par Anne Garde, qui était dans les années 80 la photographe attitrée de la série multipliée et vertigineuse de l’escalier du 54 rue de Seine, où publiait le poète Fouad- El Etr, créateur de la revue La Délirante, ami intime et complice de Sam Szafran. Ce qui me ravissait c’est comment l’espace pictural bougeait et attirait les rampes, les vasistas, les fenêtres et les arbres d’en face. Le réalisme décalé, ré-organisé dans un mouvement perpétuel, devenait la création d’un monde inconnu d’une incroyable modernité.
Quand j’ai connu Sam en chair et en os, j’ai compris qu’il faisait partie intégrante de ces danses d’escaliers, géométriques et baladeuses, que son cerveau, sa main, ses jambes, ses yeux et son rire, que j’entends encore aujourd’hui, contrôlaient une chorégraphie exigeante et diabolique.
Plus tard, son obsession des plantes démesurées sera un chant violent de l’amour féroce de la nature. Szafran pouvait être violent et féroce, mais généreux, comme la nature !