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Shocking!

Les Mondes Surréalistes d'Elsa Schiaparelli 

Musée des Arts Décoratifs de Paris - Jusqu'au 22 Janvier 2023

EN VILLE - In TOWN

                                                    
Féministe, femme d’affaire, de marketing et de réseaux, influenceuse....
En un mot avant-gardiste,
Elsa Schiaparelli multipliera les « collabs » avec l’intelligentsia de son époque !
Par Véronique Dupard-Mandel

En 1922, Elsa l’italienne a 32 ans et pose ses valises à Paris laissant à New-york un mari très chic, très beau, mais très volage. Elle emmène avec elle sa petite fille adorée qu’elle surnomme « Gogo » et qui deviendra la mère de Marisa Berenson, actrice, mannequin et égérie des années 70/80.  Issue de la grande bourgeoisie romaine, un père intellectuel et scientifique et une mère aristocrate, Elsa a de solides références et une très bonne éducation qui la conduisent directement chez Paul Poiret, le mentor. Ce dernier, qui déteste Coco Chanel, « celle qui donne aux femmes des allures de télégraphistes sous-alimentées, sans poitrine et sans croupe… »  aura le temps de lui transmettre ses bons préceptes, avant d’être précipité dans la chute par la faillite de sa maison de Haute Couture, conséquence de sa folie des grandeurs.

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Gogo & Elsa Schiaparelli              
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 Elsa Schiaparelli  
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 Marisa Berenson

Elsa s’épanouit dans ce Paris festif, cosmopolite et inventif des années folles.

Elle est encore jeune et si elle n’a pas la beauté pour atout elle a de l’esprit et un réseau. Mais qu’est-ce qui va pousser cette femme du monde à travailler ? Une envie d'émancipation ? C'est peu probable, mais très certainement une irrésistible envie de bousculer, son parfum sera « Shocking » et sa couleur, un rose-violet pétard dit « rose shocking » ! Et aussi d’exprimer son originalité, sa vitalité et son âme de créatrice pour elle qui ne sait pas même coudre.

A Poiret, qui aimait s’entourer d’artistes, elle emprunte Raoul Duffy mais les temps ont changé et ses plus belles collaborations se feront avec Jean Cocteau, Christian Bérard, Marcel Vertés, Léonor Fini, Man Ray, Meret Oppenheim, Alberto Giacometti, Jean-Michel Frank …. et un jeune peintre qui électrise le Tout-Paris, Salvator Dali.

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cape rose shoking et broderies roy soleil
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robes aux dessin réalisés par Jean Cocteau
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gants griffes
Flacon Shocking! et peinture, réalisés par Leonor Fini

Dans les années 1925/30, Dali élabore sa méthode « paranoïaque-critique » inspirée par Freud et sa théorie sur la psychanalyse. Il s’agit de faire librement appel à ses pensées, ses rêves et à ses délires, puis d’auto-analyser les images obsédantes qui habitent l’esprit et surgissent de la conscience. De quoi séduire Elsa la fantasque ! Dali c’est fou ! C’est

« surrrrréaliste! »

Leur complicité va être un terrain fertile à de multiples créations de1936 à 1939.

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chapeau chaussure
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robe motifs trompe l'oeil, déchirures
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robe homard
robe tablier en rhodophane 1935

En parcourant cette magnifique rétrospective du MAD, sous le commissariat de Marie-Sophie Carron de la Carrière et  scénographiée par Nathalie Crinière, on  peut conclure à l’évidence, grâce à son talent  et ses intuitions géniales, elle a déterminé la mode pour les générations futures. 1927, la première collection, des petits pulls aux motifs nœuds en trompe l’œil renvoient à Sonia Rykiel, la robe squelette ou le tailleur raffia à Mugler, les tailleur tiroirs à Jean-Paul Gaultier, les papillons à Alaia et même John Galliano lui rendit hommage avec l’imprimé coupures de journaux qui renvoie à la collection de 1935 « Stop, Look & Listen ». Ces références multiples et foisonnantes sont très bien représentées dans l’exposition.

collection, stop, look and listen 1935
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Robe papillons Elsa Schiaparelli
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les petits pulls aux motifs en trompe l'oeil, 1927
collection John Galliano
Robes papillons Alaïa
créations contemporaines et portraits d'Elsa Schiaparelli 

Côté « fournisseurs », elle s’entoure également des maîtres et des avant-gardes, Jean Dunand, Jean Schlumberger, Albert Lesage pour les broderies, Alberto Giacometti pour les bijoux et pour la décoration de sa nouvelle maison de couture du  21, Place Vendôme : Jean-Michel Frank.

Femme d’affaire, elle a décliné toute une gamme de produits de beauté, parfums mais aussi poudres, fards, huiles... C’est encore Jean-Michel Frank qui aura cette idée géniale de créer une immense cage de présentation en bambous dorés dans l’entrée de sa boutique.

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Boutons et broches, Alberto Giacometti
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Décor du 21, place Vendôme, Alberto Giacometti et Jean-Michel Frank
La cage à Oiseaux, cage à parfums dans l'entrée de la boutique, au 21 place Vendôme
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Parfum Salut, Flacon Jean-Michel Frank

Nous revient alors à l’esprit ce clip publicitaire (1991), réalisé par Jean-Paul Goude: Vanessa Paradis parée de plumes de coq sifflotant un air entêtant pour Coco de Chanel dans une cage à oiseaux… ici encore l’influence Schiaparelli est évidente.

Aujourd’hui la Maison de couture Schiaparelli a retrouvé son adresse mythique du 21 de la place Vendôme et un styliste à la hauteur de la tâche à accomplir, Daniel Roseberry. De son talent singulier, ce dernier en a fait un étendard pour la France lors de l’investiture du président américain Jo Biden, en habillant Lady Gaga ! Paul Poiret aurait dit « en habillant l’époque » La boucle est bouclée, le maître peut être fier de l’héritage.

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Les signes du Zodiaques, le cirque, les mixtes d'hier et d'aujourd'hui
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Robe Lady Gaga, daniel roseberry pour Schiparelli

Shocking! Les Mondes Surréalistes d'Elsa Schiaparelli -

Musée des Arts Décoratifs de Paris

Jusqu'au 22 Janvier 2023

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