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Elisabeth Védrenne, 
journaliste et "amante"

Elisabeth a deux amours… l’art contemporain et le design ! ...
par Véronique Dupard-Mandel

publié le 30 mai 2022
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©esthete place

Elisabeth a deux amours… l’art contemporain et le design !

 

En fait elle en a trois : l’Italie. Quatre : Paris, et même cinq avec le Brésil …

Elisabeth, vous l’avez compris est une amoureuse, plus encore, une « amante » !

Elle est née à Rome, a grandi au Brésil, s’est mariée en France, a étudié en Espagne et à Paris (Nanterre) et elle est retournée en Italie, puis à Paris…

 

C’est peut-être là, la clef de son insatiable curiosité.

Entretien avec Elisabeth :

 

L’Italie et le Brésil ont construit ma culture, mon enfance puis mon adolescence. Les paysages, la musique la couleur.

Quand je suis arrivée en France, Paris était tout noir. J’arrivais de Rio de Janeiro, quel choc !

 

Art ou Design, pourquoi choisir ?

 

J’ai d’abord été journaliste art (passionnée par le contemporain) et au hasard des rencontres et d’une époque favorable, la fin des années 70 et le début des années 80, j’ai dévié vers le design.

 

Je ne suis pas historienne de l’art, j’ai tout fait toute seule, j’avais des curiosités… A l’époque pas besoin d’être bardé de diplômes, il fallait juste prouver qu’on pouvait le faire.

 

On bougeait tout le temps, on allait voir les gens là où ils travaillaient, où ils produisaient où ils exposaient.

 

Au mitan des années 70 et début 80, Il y a eu en Italie une liberté d’expression très forte.

L’onde de choc d’un courant qui prend forme dans les années 70 avec l’Arte Povera, Mario Merz, Kounellis, Mario Ceroli… et qui est propulsé par des intellectuels, des théoriciens, architectes comme  Gaetano Pesce, et designers comme Alessandro Mendini ou Ettore Sottsass (qui lance Memphis), Michele De Lucchi, Pucci de Rossi, Enzo Mari, Andrea Branzi. Ce sont eux qui ont lancé ces passerelles entre art et design.

 

Métissage des cultures, des formes, des matériaux

 

Cette génération était pour le métissage des disciplines, ce qui n’existait pas encore en France.

Il y avait une créativité folle, que l’on retrouve jusque dans la mode, dans la rue. Fiorucci utilisent des motifs ethniques, africains, hindous, et les associent à des couleurs « flashy » les mêmes que celles qu’utilise au Mexique l’architecte Luis Barragán sur les murs de ses haciendas… Les artistes d’Arte Povera exposent leurs œuvres au milieu des fresques des palais baroques.

 

J’allais au salon du meuble à Milan tous les ans et là ils se passait un tas de choses.

 

 

J’ai donc logiquement commencé à parler du design Italien.  Quand je suis arrivée en France j’ai trouvé, en comparaison de l’Italie des années 70, une France conservatrice, pas moderne, pas très inventive, ne s’adressant qu’à une toute petite élite, en somme une France très conformiste. Bien sûr il y a eu Pompidou et Paulin à l’Elysée, et le CCI (Centre de Création Industriel) au centre Pompidou, qui ne s’occupait que du design. C’était un début.

Mais lorsqu’en 1985, Yves Gastou choisi Ettore Sottsass pour faire la façade de sa Galerie rue des Beaux-Arts, cela a provoqué un tel scandale qu’il a dû s’appuyer sur Jack Lang, alors ministre de la culture, pour obtenir l’autorisation ! C’est un bel exemple pour illustrer le cloisonnement du marché de l’art et des spécialités dans lesquelles se cantonnaient les autres marchands à l’époque.

 

Quelques jeunes designers français, (Olivier Gagnère, Martine Bedin, Nathalie du Pasquier…) sont allés travailler auprès de ces architectes et designers à Milan.

Et puis il y a eu cette période très françaises des années 80!

 

Avec en tête de proue En Attendant les Barbares, Garouste et Bonetti, puis Philippe Stark. Un moment plein de fantaisie, de formes et de matériaux nouveaux. Et puis une certaine sauvagerie, métal et verre pointu, « Les ferrailleurs » André Dubreuil en France, Tom Dixon et Ron Arad à Londres.

 

Toute cette créativité nouvelle et incroyable se retrouvait chez les artistes, les graphistes, Loulou Picasso, Bazooka, Robert Combas, Di Rosa, et toute la figuration libre , … des gens très inventifs et très colorés.

C’était soudain et cet élan, ce raz-de-marée créatif, ne s’est jamais reproduit depuis.

 

 

Retour aux "vintage" années 90, Le Corbusier, Perriand, Prouvé …

 

Et puis tout s’est apaisé, retour au vintage, aux valeurs sures, incarnées par le bois et la Savoie ! Je suis allée voir Charlotte Perriand, au début je trouvais ça rustique, (rires)  pourquoi pas.

 

 

Aujourd’hui il y a beaucoup d’ironie dans l’art contemporain et je vois à nouveau des choses intéressantes.

 

Ce que j’aime c’est découvrir, avant même d’être une passeuse et d’écrire, mais maintenant les gens ne lisent plus. Ils regardent les images. Ça n’intéresse que les gens qui sont déjà intéressés.

 

Je suis plus confiante aujourd’hui dans le monde de l’art contemporain, même avec ses excès, que dans le monde du design. Ça patauge. Il leur faut résoudre le problème complexe de l’écologie et ce n’est pas facile. Le design industriel est de moins en moins inventif. Même chez les grands, il semble qu’il n’y ait plus d’utopie, tout devient très discret, épuré, élégant.  

 

Mais tant pis, chaque fois je repars en chasse, à la conquête de quelque chose, de quelqu’un.

J’aime les réseaux sociaux. Quand les gens parlent des réseaux sociaux j‘ai l’impression qu’on ne parle pas de la même chose. Les miens sont toujours bienveillants.

En préparation :

« Les Nouveaux Sauvages, créateurs des années 80 », titre provisoire. Ed. Norma. Sortie en novembre 2022.

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© copyright estheteplace

LE CHOIX d'Elisabeth Védrenne pour ESTHETE PLACE

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Pucci de Rossi
KRZ Stool
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Ettore Sottsass
Vase "Sybilla" - 1994
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Ettore Sottsass
Théière Lapislazzuli

PUBLICATIONS d'Elisabeth Védrenne :

 

- Demeures Secrètes de Venise, Albin Michel, 1990. Et Living in Venice, Thames & Hudson, 1990. En anglais.

- Le Corbusier, éd. Assouline, coll. Mémoires de style1999.

- Jasper Morrison à Vallauris, Grégoire Gardette éd. 2000.

- La fabrique du design italien, la Donation Kartell, éd. Du Centre Pompidou

- Elizabeth Garouste et Mattia Bonetti, éd. La lettre volée, Belgique. 2001.

- Paulin, avec Anne-Marie Fèvre, éd. Dis Voir, 2001.

- Laura de Santillana, éd. L’Arc-en-Seine, 2002.

- Pierre Paulin, éd. Assouline, coll. Mémoires de Style. 2004.

- Charlotte Perriand, éd. Assouline, coll. Mémoires de style. 2005.

- Pierre Charpin, Nouvelles formes pour Sèvres, Bernard Chauveau éditeur, 2008.

- Philippe Anthonioz, sculpture d’usage, usage de la sculpture, éd. Gourcuff Gradenigo et La Piscine- Roubaix.. 2011.

- Kristin Mc Kirdy, monographie, avec Patrick Favardin, éd. Norma, 2013.

-Ursula Morley- Price, céramiques. Catalogue. Ed. Galerie de l’Ancienne Poste. 2013.

- Les Pionnières, dans les ateliers de femmes artistes du XXème siècle : Geneviève Asse, Geneviève Claisse, Marta Pan, Pierrette Bloch, Parvine Curie, Shirley Jaffe, Vera Molnar, Judith Reigl, Aurélie Nemours, Etel Adnan, Sheila Hicks. Photos de Catherine Panchout, Editions Somogy, 2018.

- Jean-François Lacalmontie, monographie. Sortie pour l’exposition monographique à la MATMUT en Janvier 2018.

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